17 septembre 2010

Le Matin rencontre McSorley

Dans l’édition du jour du quotidien Le Matin, la rubrique hockey sur glace consacre une interview à Chris McSorley. L’Ontarien des Vernets se confie sur différents sujets, et pas uniquement lié au hockey sur glace. L’équipe du gshc.ch vous propose de découvrir cette interview signée Thomas Dayer. 

Le Matin : « Chris McSorley, au printemps, le titre vous a échappé pour une victoire. Un échec si proche du but laisse forcément des séquelles, une gueule de bois, non ? » Chris McSorley : « L’été a passé l’éponge sur les regrets et nous nous sommes bonifiés avec les arrivées de Richard Park, Brian Pothier et Eric Walsky. En parlant d’Eric, je vous confie une chose: notre accord était tombé en janvier déjà, mais il était impossible de le rendre public. Or, quand Reto Suri a été annoncé partant, j’ai dû me taire et supporter tant de blâmes alors que j’avais déjà en poche l’atout pour le remplacer. »   Le Matin : « Ce genre de reproches qui fusent alors que vous seul connaissez le fin mot de l’histoire, comment les encaissez-vous ? » Chris McSorley : « Ça fait mal. Mais dans ce métier, vous devez accepter de recevoir quelques balles. Heureusement, ces dernières années, nous avons eu de bons résultats. Nous n’avons pas donné beaucoup de munitions aux journalistes affamés de critiques. (Sourire.) »   Le Matin : « Vos relations avec Lausanne suffisent à alimenter les palabres. » Chris McSorley : « Pourtant, aider Lausanne a toujours été notre seul but. C’est lorsque le LHC était en situation délicate que Hugh Quennec (président de GE Servette) a trouvé un groupe prêt à s’investir. Or, cela n’a amené que des questions et des réticences. Aujourd’hui, la structure est saine. Je suis en contact trois fois par semaine avec l’entraîneur John Van Boxmeer et je le répète: nous voulons que le LHC réintègre l’élite pour que la région ait plus de poids. C’est tout. »   Le Matin : « Récemment, nous avons accentué dans un commentaire vos côtés insupportables. Vous considérez-vous parfois comme tel ? » Chris McSorley : « Je sais seulement que, pour réussir à ma place, il faut être un peu buté et arrogant, sans quoi vous n’arrivez à rien. Imaginez une barque avec vingt ou trente personnes qui rament. Si elles voient un capitaine hésitant, en sueur, le bateau ira se fracasser sur des rochers. Peut-être que ce côté très sûr de moi me rend insupportable aux yeux de certains. Peu m’importe: dans le livre de mon organisation, je dois toujours avoir un chapitre d’avance sur les autres. Et puis je suis dyslexique: si on me dit «No», je comprends «On» (traduction : Vas-y!). »   Le Matin : « Vous êtes un gamin, vous faites l’inverse de ce qu’on vous dit… » Chris McSorley : « Vous devriez en causer avec ma femme. (Rires.) Il y a un peu de vrai. Quand j’ai pensé à venir ici, on me répétait sans cesse que Genève n’était pas une ville de sport, que c’était peine perdue. Désormais, je vois ce qu’on a réussi à faire et je suis plutôt heureux. En play-off la saison dernière, des fans ont été jusqu’à enfiler un maillot à la statue équestre du Général Dufour. Là, j’ai compris que GE Servette était devenu un phénomène. Désormais, je veux encore remporter des titres ici et offrir à ce coin de pays des infrastructures dignes de ce nom. Ensuite, je pourrai passer mon chapeau. »   Le Matin : « Et vous, que ferez-vous ? » Chris McSorley : « (Il réfléchit.) Je ne vais pas vous dire ce qui vient de me passer par la tête. Pour l’instant, je suis pleinement épanoui. Je pourrais parler de hockey toute la journée. L’été, en Amérique du Nord, pendant que ma femme Eva va à la piscine avec les enfants, je m’enferme avec mon ami Bob Strumm (scout des Blue Jackets de Columbus) et on analyse la liste de tous les joueurs disponibles. Du coup, ma famille est bronzée et moi, je garde ma peau blanche. Mais je reste payé pour avoir la meilleure place au match et ça, c’est fabuleux. »   Le Matin : « Demain, vous retrouverez FR Gottéron, le rival… » Chris McSorley : « Et je suis sûr que les Dragons sont encore vexés (ndlr: la saison passée, GE Servette a éliminé FR Gottéron 4-3 en quart de finale). Mais nous, désormais, nous regardons plutôt vers Berne, Davos, Zurich. Cela dit, j’ai énormément de respect pour FR Gottéron : en quelques années, ce club a su générer de nouveaux revenus de manière impressionnante. »   Le Matin : « D’où vous est né cet intérêt permanent pour le business ? » Chris McSorley : « À 17 ans, un accident de voiture m’a empêché de jouer durant plusieurs années. J’ai donc étudié, j’ai notamment appris la programmation informatique, et j’ai aussi travaillé dans une entreprise. Je me suis intéressé à des univers différents. Puis j’ai repris le hockey en espérant réussir. Nous étions sept garçons en famille. Tous, nous croyions être plus doués que mon frère Marty (1076 matches de NHL). C’était un leurre. Je suis vite passé au coaching. »   Le Matin : « Sans avoir été bon joueur, vous êtes un excellent coach, un point commun avec José Mourinho. » Chris McSorley : « Au même titre que Roger Federer, José Mourinho est un exemple. Il souligne souvent les aspects très divers du métier d’entraîneur. Selon moi, la mission la plus délicate n’est pas d’ordre tactique, mais psychologique. Faire en sorte que plus de vingt personnes s’entendent pour tirer à la même corde, ce n’est pas rien. »   Le Matin : « Suivez-vous le football ? » Chris McSorley : « Ça m’arrive, mais je suis surtout un dévoreur de bouquins. »   Le Matin : « Avez-vous un auteur favori? » Chris McSorley : « J’en citerais deux, James Clavell et Tom Clancy. Oh, savez-vous que lui, je l’ai rencontré? Quand j’étais coach en Grande-Bretagne, nous avions été conviés à plusieurs reprises dans un pub privé, dans la Tour de Londres. Une fois, un homme m’avait tendu un livre. J’avais cru qu’il était fan de hockey et je l’avais pris pour le lui dédicacer. Il m’avait dit: «Non, non, garde-le.» C’était bien un fan, mais c’était surtout Tom Clancy! Nous nous étions revus ensuite. Tiens, comme j’aimerais écrire le roman de notre dernière saison avec un épilogue différent, je devrais essayer de l’appeler aujourd'hui. (Rires.) »   Source : Le Matin, article original  

 

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