Arrivé il y a 39 ans en provenance des Grisons, Louis Christoffel est toujours au Genève-Servette. Mais son parcours professionnel n’est pas que lié au club Grenat. Après une trentaine d’années « extra muros », l’ancien défenseur est revenu au bercail et occupe désormais un des postes de Directeur du GSHC.
gshc.ch : « Bonjour Louis. Pour commencer, quels souvenirs gardez-vous de vos différents passages au Genève-Servette ? »
Louis Christoffel : « Je dirais que nous avions la malchance à l’époque d’avoir face à nous un club comme La Chaux-de-Fonds qui était la seule équipe semi-professionnelle de Suisse. Personnellement, je travaillais dans une banque lors de ma première saison. Malgré les retours tardifs, j’étais au boulot à 8h le matin et je finissais mes journées tard avec des entraînements qui commençaient à 18h30 ou 19h. Et ils duraient au minimum jusqu’à 21h-21h30. Lors de certaines pratiques, nous faisions des « stop and go » à n’en plus pouvoir. C’était très dur physiquement, d’autant plus que nous travaillions tous à 100% à côté. »
gshc.ch : « Quelles évolutions avez-vous pu remarquer depuis votre retraite sportive (dernière saison en 1974-1975) ? »
Louis Christoffel : « Déjà, les joueurs sont plus forts physiquement. Quand je jouais, l’idéal, c’était d’avoir son poids égal à sa taille moins 100 centimètres : pour moi, ça faisait 84 kilos pour 1 mètre 84. Aujourd’hui, les joueurs sont généralement plus lourds de dix kilos. Ensuite, il y a la vitesse. Ils sont nettement plus rapides que nous à l’époque. Avec l’évolution des équipements, les tirs sont également plus rapides, les gardiens sont mieux protégés et prennent plus de place et les équipements sont plus légers. A l’époque, il y avait également plus de places « debout » dans la patinoire. Lors des matchs contre La Chaux-de-Fonds, il y avait toujours entre 10 et 11000 personnes et nous étions fâchés si nous attirions moins de 8000 en temps normal. Alors, comme c’était autorisé de fumer dans la patinoire, les maillots puaient la fumée après les rencontres. Et, au troisième tiers, il y avait des nappes de fumées au-dessus de la glace. C’était la même chose à Zurich. »
gshc.ch : « Quel est votre vision du public actuel ? »
Louis Christoffel : « Je trouve que nous avons un super public actuellement. Je pense que ce public s’est réellement formé il y a cinq ou six ans. Nous avons également eu la chance de ne pas avoir un autre sport populaire comme le football au plus haut niveau suisse à Genève. Comme les résultats ont suivi, que nous avons fait de la bonne promotion et créé le show autour du match, ça a attiré pas mal de monde à la patinoire. Je pense même que l’engouement va encore augmenter lors de la saison à venir si nous la commençons bien. »
gshc.ch : « Quel vision avez-vous du Club ? »
Louis Christoffel : « Aujourd’hui, le Club est beaucoup plus professionnel. A mon époque, c’était M. Barbey qui était Président. Sous son ère, nous n’avions aucun problème financier : nous avions une moyenne de 8000 spectateurs, les joueurs ne gagnaient presque rien – personnellement, je touchais 8000 francs par an plus les primes, mais les Genevois ne touchaient rien hormis les primes. Aujourd’hui, il faut gérer un club comme une entreprise. Il faut donc trouver des rentrées financières grâces aux partenaires et aux sponsors et il faut faire attention à ne pas dépenser plus que ce que nous gagnions. »
gshc.ch : « Est-ce que vous continuez à jouer au hockey ? »
Louis Christoffel : « Oui. Et l’année prochaine, je fêterai ma quarantième année sous le maillot grenat. Je pense que j’organiserai quelque chose avec les vétérans. Je dois avouer que je m’entends bien avec ce groupe et je dois un peu être leur père spirituel (rire). »
gshc.ch : « Quel a été votre parcours professionnel depuis votre arrivée à Genève en 1970 jusqu’à aujourd’hui où vous êtes un des directeurs de Genève-Servette ? »
Louis Christoffel : « J’ai fais un apprentissage à Davos dans une banque. En arrivant à Genève, j’ai travaillé pendant un an dans une banque. Après cette première année, j’ai été obligé de choisir entre rester à la banque avec une promotion et continuer à jouer au hockey. J’ai trouvé un nouveau travail à l’aéroport puis j’ai travaillé dans l’entreprise de textile de M. Barbey. J’ai donc suivi une formation liée à ce nouveau boulot. Ensuite, j’ai beaucoup voyagé parce que nos usines étaient aux Pays-Bas. Ensuite, j’étais responsable pour les pays de l’Est. De 75 à 2000, j’ai beaucoup voyagé dans le bloc soviétique. C’était une bonne expérience. Sur la fin de cette période, je me suis ensuite mis à mon compte dans le même secteur avec des bureaux à Moscou, à Prague et à Budapest. Mais avec la concurrence chinoise, j’ai arrêté dans ce domaine. Je n’avais pas envie d’aller en Chine. J’ai travaillé ensuite trois ans chez Fert dans les events. Ça fait maintenant cinq ans que je suis au Genève-Servette. Durant toutes ces années, j’ai continué à suivre Genève-Servette en venant le plus souvent possible aux matchs tout en étant en contact avec les joueurs de l’époque. C’est comme cela que j’ai fait la connaissance des joueurs qui sont mes coéquipiers en vétérans. »