08 décembre 2008

Vu du banc – « Benjamin avait une tête de vétéran »

Genève-Servette a disputé deux matchs ce week-end, mais a utilisé ses trois gardiens. Samedi, Federico Tamo a pris la relève d’un Gianluca Mona blessé, puis dimanche, ce fut au tour de Benjamin Conz d’être lancé dans le grand bain de la LNA à 17 ans. L’équipe du gshc.ch s’est donc naturellement tournée vers celui qui les connaît le mieux au Genève-Servette : Sébastien Beaulieu. L’entraîneur des gardiens nous livre son analyse du week-end ; « vu du banc » oui, mais « vu de la cage » surtout.

gshc.ch : « Salut Sébastien. Quand tu as vu Gianluca Mona sortir samedi soir, savais-tu que ce serait grave ? »
Sébastien Beaulieu : « Pour être honnête, on savait depuis quelques semaines que ce n’était qu’une question de temps avant qu’il ne doive faire une pause. On a essayé de gérer ça au mieux, car on veut tous les deux gagner les matchs. Je savais avant la rencontre que ce serait très chaud pour Gianluca. Je n’ai donc pas été surpris de le voir sortir ; on avait même organisé sa sortie pour que ça ressemble à une surprise pour tout le monde. Mais on s’était préparé à cette éventualité, car ce n’était qu’une question de temps durant cette partie-là. »

gshc.ch : « Donc Federico Tamo était prêt à prendre la relève dans ce match. »
Sébastien Beaulieu : « Après le premier tiers, j’ai eu une bonne discussion avec lui. Pour l’équipe, on voulait que Gianluca nous garde le plus longtemps possible à une longueur pour que Federico nous livre une bonne performance sur une trentaine de minutes. J’avais confiance en le fait qu’il était capable de le faire. Notre plan de match a fonctionné, mais le contraire aurait pu arriver. Notre pari était risqué car Gianluca n’arrivait plus à se déplacer lors de la deuxième période. »

gshc.ch : « Ce pari a aussi permis à Federico de ne pas se mettre de pression avant la rencontre… »
Sébastien Beaulieu : « Exactement. Ça lui permet aussi de passer une nouvelle étape. Il a été pris à froid par la sortie de Gianluca, mais pas totalement puisqu’il savait qu’il devrait jouer. Mais il l’a appris pendant le match, pas avant. Federico est un gars qui est capable de prendre le relais, car il est solide mentalement. »

gshc.ch : « Et il a livré la marchandise avec 100% d’arrêts. »
Sébastien Beaulieu : « Encore une fois, il a été surprenant. Ce gars-là donne l’impression d’avoir une inconscience heureuse. Ce n’est pas une question d’absence de nervosité ou autre, car Federico est très énergique, mais il est entré dans le match comme si c’était une partie entre amis sur une patinoire extérieure. Je suis très content qu’il ait pu avoir son heure de gloire grâce à sa performance. Ça fait deux ans qui nous rend beaucoup de service et qu’il le fait bien. »

gshc.ch : « Hier, il y a eu la performance exceptionnelle de Benjamin Conz. J’imagine que tu t’y attendais… »
Sébastien Beaulieu : « Oui et non. En fait, je m’attendais soit à un très bon match soit à que ça ne se passe pas bien. J’ai d’ailleurs basé notre discussion d’avant match sur ce fait. Je lui ai dit que, même si ça se passait mal, il restait un très bon gardien le lendemain. Oui, je savais qu’il était capable, mais il n’a que 17 ans et c’est très tôt pour lancer un jeune dans le bain de la LNA. C’était risqué, mais, connaissant Benjamin, je savais que c’était possible. Quand j’ai vu son comportement avant le match hors et sur la glace, bien qu’il y avait de la nervosité, il contrôlait la situation. Je savais qu’il allait bien performer. Je ne savais pas que ça allait être le tout grand Benjamin Conz, mais je savais qu’il serait capable de tenir son match. »

gshc.ch : « Il t’a impressionné durant le match ? »
Sébastien Beaulieu : « Le degré de difficulté n’était pas extrême non plus. Il est clair qu’il a fallu arrêter plus de 40 tirs, mais l’équipe a également joué son rôle en étant bien regroupée autour de Benjamin. Il m’a plus impressionné dans son comportement : il s’est montré très calme. Malgré les punitions concédées au troisième tiers, son comportement non verbal démontrait qu’il était prêt à affronter la situation : il serrait les gants comme si c’était un nouveau défi à chaque fois. Il avait une tête de vétéran hier, donc c’était impressionnant de la part d’un jeune homme de son âge. Mais je savais qu’il en était capable. »
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