///// Cet espoir évolue dans les rangs de l'association Genève Futur Hockey 9
Enzo Guebey prêt a suivre
sa bonne étoile
C’était comme dans un rêve, un truc qu’il
n’aurait jamais osé imaginer aussi tôt
dans son plan de carrière. Enzo Guebey,
18 ans et encore toutes ses dents, s’est
retrouvé, comme par enchantement,
dans la fosse, à Berne, devant près de
seize mille spectateurs!
Il n’est pas prêt de l’oublier, cette journée-là.
Comme ce puck qu’il a reçu il y a quelques
temps, à six heures du mat’ dans l’oreille, ça
réveille. C’était un vendredi, plus exactement le
20 octobre. Quand il s’est levé, il y avait dans ce
ciel bleu sa bonne étoile qui scintillait, l’invitant
à faire le saut et pousser cette porte qui venait
de s’entrouvrir. Derrière, il y avait ce monde
qu’il veut connaître plus tard. C’est alors que
son téléphone a sonné...
Ce n’était plus à l’école qu’il devait se rendre,
comme d’habitude, mais à la patinoire pour
s’entraîner. Ses cours de sociologie et de
mathématique attendront. Le défenseur des
Juniors Élite, qui se trouve en troisième année
de sport études à l’ECG , a rejoint les Vernets
où l’attendait Craig Woodcroft et les joueurs
de la première équipe du GSHC . Il n’avait pas
rêvé. Le soir, on lui offrait son baptême du feu
en National League, la possibilité de franchir
le mur du songe dans le fief du champion. Un
moment inoubliable...
//Un mur humain
«Que ce soit dans le couloir ou dans le vestiaire,
tout était stylé, se rappelle Enzo Guebey.
Mais ce qui m’a vraiment marqué, c’est après
l’échauffement, avant d’entrer sur la glace. Il y
avait ce mur humain en face de nous, ce gros
drapeau de l’ours qui descendait lentement
dans le public. C’était vraiment impressionnant.
Un truc de dingue. Mais les anciens m’ont
bien aidé à vaincre cette émotion, ils m’ont
beaucoup parlé. Cela donne envie de revenir...»
Il y aura eu quelques apparitions dans l’arène
qui ont fait plaisir au chef. Et surtout un bon
point ramené de la capitale après un match
héroïque des Aigles qui évoluaient avec un
seul étranger. Même si une défaite est toujours
rageante, surtout après des tirs au but.
Mais voilà, après avoir touché la Grande Ours,
il a fallu redescendre sur terre. En douceur le
lendemain à Biasca en Coupe de Suisse, puis
de beaucoup plus haut une semaine plus
tard où Enzo s’est retrouvé avec ses copains
des Juniors Élite à Langnau devant soixante
spectateurs ! «Que ce soit au niveau de la
vitesse et l’intensité, mais aussi par rapport à
l’ambiance, c’était tellement différent qu’il a
fallu s’adapter, se marre l’adolescent de 18 ans.
Je me souviens qu’à l’Ilfis, on avait remporté,
ce soir-là, un match compliqué...» Un de plus !
Avec son équipe, dirigée par Patrick Emond, il
jouait début décembre la tête du classement
avec Berne et Kloten, pouvant rêver d’un titre
national qui n’a vraiment rien d’utopique.
//De Saint-Gervais à Genève
Débarqué à Genève il y a sept ans dans la catégorie
des Moskitos, Enzo Guebey a effectué ses
premiers pas derrière la frontière, en Haute-
Savoie, à Saint-Gervais. «Comme j’habitais
en montagne, c’était le ski ou le hockey»,
explique le Français qui n’a pas tergiversé
longtemps entre la neige et la glace, préférant
un jeu d’équipe aux heures d’entraînement en
solitaire. «J’ai aussi nagé jusqu’à l’âge de huit
ans», confie celui qui est aussi à l’aise, comme
beaucoup de hockeyeurs, avec un ballon de
foot. Or, après ses premiers coups de patin
dans son village, il a vite été hypnotisé par ce
puck qu’il a fait briller durant deux ans au HC 74.
Ce regroupement de talents de Haute-Savoie,
d’Annecy à Chamonix en passant par Morzine,
a été incorporé durant deux saisons dans le
championnat de Suisse avant que la ligue helvétique
ne les retire. C’est à ce moment-là qu’il
s’est fait repérer par des entraîneurs genevois...
«Quand je suis arrivé aux Vernets, j’ai tout
d’abord été fasciné par Goran Bezina, avoue
Enzo. C’était l’exemple à suivre, le défenseur
que j’ai essayé de copier. Il y a eu ensuite
Romain Loeffel qui m’a aussi inspiré.» Comme
tous les enfants de son âge, le garçon rêve
forcément d’Amérique du Nord, de Nashville, le
club de Roman Josi, son autre modèle. «La NHL ,
c’est un de mes objectifs depuis que je suis
tout petit, alors oui, j’y pense, mais sans que ce
soit une obsession.» Il lui arrive toutefois d’en
parler avec Stéphane Da Costa, son prestigieux
compatriote tricolore, qui n’a qu’une envie:
retourner un jour dans ce Nouveau Monde qu’il
a tant apprécié lorsqu’il était à Ottawa où il a
disputé 47 matches. «C’est vraiment un super
mec, s’exclame le jeune espoir des Vernets. Il
m’a donné beaucoup de conseils pour mon
futur, que ce soit ici à Genève ou pour l’équipe
de France.»
//Les JO de Pékin
Dans son viseur, il y a également les Jeux
Olympiques 2022 à Pékin, pour autant que son
pays se qualifie cette fois-ci. Or, en attendant de
plonger un jour dans les anneaux olympiques,
l’Aiglon va déjà se rendre aux Mondiaux M20 du
groupe B dans son pays, à Courchevel et Méribel.
Défenseur plutôt offensif, capable de jouer
physique, doté d’une bonne vision et d’un bon
shoot, il est prêt à se mettre en avant. «J’espère
performer au plus vite avec les pros, en National
League, avec le GSHC. Puis on verra bien…»
Quand on a dix-huit ans, on a des rêves plein
la tête. Comme de rejouer un jour devant seize
mille spectateurs...
Christian Maillard
Tribune de Genève
#5
Enzo Guebey
Né le 6 mai 1999
Français
Défenseur
(Membre de l'équipe de France U20)