Sportivement, Christian Serena a connu une courte carrière (1992-2000). Mais il a passé cinq de ses saisons à Genève-Servette, connaissant aussi bien le succès que des moments plus difficiles. L’ancien défenseur formé à Fribourg a reçu sur son lieu de travail l’équipe du gshc.ch pour continuer la série avec les anciens joueurs du GSHC.
gshc.ch : « Bonjour Christian. Pour commencer, quels souvenirs gardez-vous de vos différents passages au Genève-Servette ? » Christian Serena : « Ma première année avait été une belle année puisque nous avions fêté la promotion en 1ère Ligue. J’étais venu à Genève avec cet objectif, selon la demande de François Huppé, l’entraîneur de l’époque, qui était assistant à Fribourg lorsque j’y ai joué. C’était une année extraordinaire car nous gagnions tout et nous avions obtenu la promotion à la fin. Cette finale avait été magnifique de part son scénario hitchcockien face au Lucerne de Del Curto. Nous avons ensuite connu des saisons plus difficiles malgré le fait que nous avions de belles équipes. Mais l’alchimie n’a jamais vraiment pris. « L’année où je suis revenu, en 1998, nous avons vécu ce match mémorable contre Ajoie. Nous étions menés 3-0 à trois minutes de la fin, mais nous étions finalement remontés au score et nous avions gagné le match pour pouvoir rester en LNB. Il faut remettre également ce match dans son contexte : sur la glace, nous avions obtenu notre maintien et tout le monde était parti en vacances. Mais il y avait eu un problème avec un jeune qui avait également joué pour une autre équipe. Ajoie avait trouvé une faille et avait déposé protêt. Nous avions donc perdu un match par forfait et nous étions condamnés à jouer cette rencontre face aux Jurassiens. Cette partie était folle car il avait fallu faire revenir tout le monde et nous perdions à trois minutes de la sirène. Ma dernière année a également été un bon moment puisque nous avions joué les demi-finales, mais nous avions perdu le cinquième match décisif à la Chaux-de-Fonds. A l’époque, je pense que nous étions déjà prêts pour la Finale de LNB. » gshc.ch : « Est-ce que vous continuez à suivre le Genève-Servette ? » Christian Serena : « Oui, avec beaucoup d’intérêt même. D’une part, parce que tout les gars avec qui j’ai joué font pour la plupart partie des vétérans du Genève-Servette. Nous essayons dans la mesure du possible d’assister aux rencontres. D’autre part, je trouve assez incroyable comme le Club a évolué depuis mon arrivée en 1994. A l’époque, c’était un petit club géré par deux personnes : Marco Toriani et Eric Conne. Et maintenant, c’est devenu une belle organisation avec un staff important et professionnel. Au niveau de la Ligue Suisse, on n’entend que du bien de tout ce qui entoure le Genève-Servette. » gshc.ch : « Quelles évolutions avez-vous pu remarquer depuis votre retraite sportive (dernière saison en 1999-2000) ? » Christian Serena : « Au niveau sportif, je dirai que c’est le dynamisme et la vitesse, la puissance et la force des joueurs qui ont augmenté. Et, autour, c’est tout l’événement qu’est devenu un match de hockey à Genève. J’avais connu des rencontres à cinq ou six mille personnes, mais c’est devenu quelque chose de régulier maintenant. L’intérêt est devenu énorme autour du Club. De plus, le professionnalisme du Club est à un très haut niveau pour la Suisse. Il y a de quoi rivaliser avec les meilleures organisations. Par contre, son seul défaut, à mon avis, c’est la patinoire. Le mieux, ce serait que ce ne soit plus le Club qui s’ajuste à la Ville, mais l’inverse ; qu’il y ait un peu plus de soutien de la part de la Ville par rapport à l’infrastructure générale. Même si la patinoire est vieille, il y a le potentiel d’en faire quelque chose de bien, notamment en abaissant la surface de la glace et en rapprochant les gradins de la surface de jeu. » gshc.ch : « Vous qui avez tout connu au niveau du public genevois, quel est votre vision du public actuel ? » Christian Serena : « Quand on regarde la moyenne de la saison passée, avec 6100 personnes, c’est un chiffre incroyable. Le public est fidèle et on atteint un taux de remplissage d’environ 90% à chaque match. Il n’y a pas beaucoup de patinoires en Suisse qui atteignent ce taux, à part à Berne. Par rapport à quand je jouais, ça a bien changé car, la plupart du temps, c’était plus les joueurs qui connaissaient les spectateurs. Gentiment, ça a changé. Le spectateur vient avec le succès. Donc, dès que le club a retrouvé le succès, il y a eu du monde. Je qualifierai le public genevois d’être un public tout ou rien. Si tout va bien, tout le monde veut venir ; mais, si ça ne va pas bien pendant quelques fois, le public se retire assez vite. Mais c’est partout pareil. » gshc.ch : « Quel vision avez-vous du Club ? » Christian Serena : « Le boulot qui est fait par le staff est extraordinaire. C’est clair qu’il y a toujours des choses qui peuvent être améliorées. Mais, quand on regarde l’évolution du Club, c’est déjà un sacré changement. Maintenant, le match de hockey est devenu un événement : il y a des stands et des télévisions partout, le vidéotron. Même pour les familles c’est intéressant. Quand je vais à la patinoire avec ma fille, elle veut voir Sherkhan et les deux mascottes. C’est extraordinaire. En plus, l’équipe joue un jeu agressif et rapide. C’est sympa à voir. Je trouve que c’est extraordinaire ce que fait actuellement le Club. » gshc.ch : « Vous nous avez dit que vous continuiez à jouer avec les vétérans. Comment ça se passe avec eux ? » Christian Serena : « Le réseau des anciens joueurs a suivi plus ou moins le même parcours en arrêtant plus ou moins en même temps. Le réseau s’est même agrandi avec des anciens joueurs ou des personnes extérieures à ce cercle des anciens joueurs. Nous participons à trois ou quatre tournois par an, mais on se voit également en dehors du cadre « vétérans ». La plupart sont des amis. Par exemple, David Leipzig, je le connais depuis que j’ai 10 ans. Nous avons quasiment toujours joué ensemble. Chez les vétérans, nous avons vraiment un super groupe. » gshc.ch : « Depuis que vous avez arrêté de jouer au haut niveau, que faites-vous dans la vie ? » Christian Serena : « J’ai eu une opportunité dans une banque. Mais l’offre était de travailler à 100%. J’ai donc dû faire un choix. Après avoir géré l’argent dans une banque, j’ai changé pour ne plus que gérer l’argent de clients privés. Je travaille pour une petite société privée où je suis toujours. » gshc.ch : « Le changement n’a pas été trop difficile ? » Christian Serena : « Non, pas vraiment. En fait, il y a pas mal de parallèle entre ce que je fais actuellement et la vie d’un hockeyeur. On a un peu la même poussée d’adrénaline et les mêmes sensations en suivant l’évolution des marchés. Et, aujourd’hui, le sport me sert à garder un bon équilibre. »